Gaspard a fort à faire avec la troupe de théâtre de Guignol, entre les bornés, les hermétiques et ceux qui sont sans gêne, il ne sait plus où donner de la tête. Il ne s'attentait pas à un tel ramassis d'ignares. Le plus fermé est sans aucun doute Gnafron, qui avec sa mentalité de vieil anar, conteste chaque demande, ergote sur tout.
Privé d'alcool, le temps des cours, il est à la limite du délirium trémens et fait trembler la classe par ses invectives et colères noire. Le professeur essaie de temporiser, de canaliser cet énergumène. Guignol est désespéré de voir son ami de toujours en état de fureur perpétuelle. Le marionnettiste sature d'entendre râler en permanence, il aime sa marionnette fidèle compagnon de la première heure mais là il surfe sur les sommets du burn out.
Madelon n'en a cure et laisse les hommes se débrouiller entre eux, son énergie est focalisée sur ses aspirations gastronomiques. Elle commence à savoir déchiffrer l'alphabet, s'entraînant chaque soir à lire deux ou trois lignes d'un texte simple, ce n'est pas facile mais elle persiste; Sur le nouveau livre de recettes offert par un époux intéressé, malin et gourmand, de croustillantes et appétissantes bugnes ,spécialités lyonnaises, semblent lui tendre les bras, ne demandant qu'un signe de sa part pour venir se transposer dans sa cuisine. Elle se verrait bien les offrir à la troupe de théâtre de Guignol.
Guignol est aux anges, lettre après lettre il ânonne consciencieusement, progressant de jour en jour, très fier de lui. Il se fait néanmoins humble devant les difficultés de certains compagnons moins doués ou moins impliqués. Plus il vieillit plus la marionnette se veut exemplaire en tout point, c'est le plus ancien, l'ancêtre de la troupe de théâtre de Guignol, un Adam de la pantomime, Madelon est son Eve, en moins jeunette, moins croquignolette, mais il adore cette tendre compagne de tribulation.
Voici la Recette de bugnes de Madelon